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Dans le Cantal, des semences libres et reproductibles pour retrouver le goût des légumes - La Montagne

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Pas besoin d’aller sur Mars pour trouver des tomates dark galaxy mais seulement d’atterrir dans les jardins de Julien Delmas. Au total, une centaine d’espèces peuplent la propriété perchée à près de 1000 mètres d’altitude. Pourtant, si Julien est producteur, ce n’est pas de légumes ou de fleurs… mais de leurs semences. Il s’arrête à côté de petites fleurs blanches situées à un mètre du sol, « c’est de la salade, dans un jardin traditionnel personne ne les laisse pousser aussi longtemps », explique-t-il amusé.

Retrouver le bon goût des légumes de son enfance

Après avoir travaillé pendant 14 ans à la mairie de Saint-Flour, Julien reprend la ferme familiale en 2019. Mû par l’« envie de faire quelque chose d’utile », ce passionné de nature est tombé dans le potager depuis sa tendre enfance avec ses grands-parents. Le label AB lui apparaît dès son installation, « non pas comme une contrainte mais comme une évidence, dans une production sans produit chimique ».

50 hectares de terreDes semences pour retrouver le bon goût des légumes.

Il se lance donc dans l’aventure, cherche un troupeau, développe son activité d’apiculteur et cultive deux terrains au sein de ses 50 hectares. « Depuis 15 ans déjà, je reproduisais mes semences dans mon jardin, je participais à des trocs de graines ». Devenir semencier, c’était « juste normal. C’est ce que font les jardiniers depuis toujours, bien avant l’existence de ce commerce ».

Un savoir faire précis

Reproduire ses semences en conservant une espèce précise n’est pas un jeu d’enfant mais repose sur de solides connaissances. « Selon le type de plante, la récolte des graines est différente » et s’effectue par plusieurs sortes d’opérations.

« Nous récoltons par temps sec, nous sommes donc dépendants de la météo. À cette saison, la laitue est prête ». Pour en extraire la semence, trois étapes sont nécessaires : faucher, battre et tamiser.

La récolte doit se faire à un moment précis, quand la plante monte en graines.

Un travail qui demande de la patience

« Certaines graines demandent plus de travail. Les courges, tomates ou aubergines ont besoin d’être fermentées. D’autres sont bisannuelles, comme la betterave ou la carotte. Il faut alors récolter le légume, le stocker pendant l’hiver et le replanter au printemps pour terminer son cycle de vie et lui permettre de monter en graines ».

Un travail sur la longueur, « l’exemple typique c’est le radis, la production du légume ne prend qu’un mois mais pour les semences, il faut en compter six », souligne Julien. Les risques climatiques sont également accrus comparés au maraîchage traditionnel, « Si on n’arrive pas au bout de la vie entière du légume, la récolte est impossible.

Cantal : nos cinq conseils pour suivre les tendances du jardinage

L’année dernière nous avons perdu 100 % de nos haricots et la moitié de nos courges, suite à une gelée précoce », développe le producteur. Dernière subtilité, pour conserver une espèce précise, sans croisement, les zones de culture doivent être espacées. « Il suffit de 10 mètres pour les salades mais, pour les betteraves, c’est 500 mètres minimum. » Un savoir qu’il espère transmettre à ses clients pour leur permettre d’être, à leur tour, autonomes.

Un terroir local

Le jardin se compose d'un savant mélange de légumes et de fleurs.

« Conserver le goût des légumes de son enfance, comme une madeleine de Proust », dit poétiquement le jardinier. « C’est un terroir, comme le navet rave de Margeride. De nombreuses personnes nous demandent “mais c’est la vraie espèce d’ici, elle existe encore ? “Lorsqu’on leur confirme, on voit leurs visages s’illuminer. C’est ce que les gens recherchent, des légumes aux noms de régions françaises, aux racines locales, à l’heure de l’uniformisation. » Pour en découvrir un peu plus, le jardin organise des portes ouvertes le 6 septembre.

Le long combat législatif pour préserver la biodiversité des espèces

Depuis le 11 juin 2020, la vente de semences libres est autorisée aux particuliers, une première victoire. Ce n’est qu’un combat de gagné au sein d’une longue guerre.

L’autorisation de juin est partielle et restreint la diffusion des graines libres, aux amateurs et collectivités. Les producteurs de légumes en restent donc exclus et doivent se contenter du catalogue officiel, où seule les semences brevetées peuvent être inscrites. Mais « le gros commerce semencier, diffuse trop peu de semences différentes et diminue la biodiversité des espèces » souligne Julien. Il pointe du doigt les graines hybrides de type F1 conçues par sélections génétiques. « Dans ces semences, les variétés comme les goûts sont restreints ».

Deuxième souci, elles « peuvent être reproductibles, mais perdent en rendement. Le paysan captif doit donc racheter des gaines, d’année en année ». À l’inverse, « les semences libres de droits sont reproductibles et permettent de retrouver, de façon autonome, les légumes qu’on aime ». En lien avec Kokopelli Julien vend sa production en direct, « mais cela représente à peine 1 % de nos ventes. C’est surtout pour avoir un ancrage local ».
La majeure partie de ses ventes provient de son travail avec Kokopelli. Une association référence dans la défense des semences libres. « Quand je me suis lancé dans cette activité, je suis allé les voir, savoir s’ils avaient besoin de producteurs ». C’était le cas, surtout en vue de la spécialisation du jardin d’altitude dans les légumes précoces. Il fait donc partie de la vingtaine de producteurs réunis par l’association et s’en réjouit, « ils ont un super réseau où les producteurs peuvent échanger, se donner des conseils. Certains font cela depuis longtemps, c’est une mine d’or pour les nouveaux ».

Noa Thomas

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September 02, 2020 at 12:08PM
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